INTERVIEW DAVOR VRANKIĆ

INTERVIEW DAVOR VRANKIĆ

ARRIVÉE DU MAGICIEN : UN JEU EN VILLE INÉDIT

Jusqu’au 27 mai, le jeu en ville Arrivée du Magicien permet, à tout un chacun, de collectionner gratuitement, dans les 36 lieux partenaires d’Aix-en-Provence, les cartes d’un puzzle à l’infini imaginé par Davor Vrankić. L’occasion de poser quelques questions à l’artiste croate, dont les originaux sont exposés jusqu’au 28 mai dans le Village Graphique du Festival…

QUESTIONS-RÉPONSES

Est-ce la première fois que tu es invité dans un Festival de Bande Dessinée ?

Oui, c’est la première fois et je suis très heureux de participer.

Pour le festival, tu déclines une de tes œuvres en jeu de cartes à collectionner. Est-ce que c’est aussi une première ?

Oui. Au départ, c’est une idée de Serge Darpeix mais je la trouve très bonne pour exploiter l’idée d’interchangeabilité d’une œuvre comme Arrivée du Magicien – Épilogue.

Techniquement, toutes tes créations n’utilisent que la mine de plomb. Pourquoi ce choix ?

En arrivant à Paris, en 1991, j’ai beaucoup expérimenté. Le dessin s’est imposé comme le meilleur moyen de me rapprocher de ce que je voulais exprimer, au moment où la technologie prenait de plus en plus de place dans notre vie et où le temps s’accélérait. C’était un grand défi pour moi de réduire les moyens techniques à un crayon 0,9 mm 2B et de travailler très longtemps sur un dessin.

En observant un œuvre comme Arrivée du Magicien, une interprétation unique et univoque est impossible. Est-ce volontaire ?

C’est difficile de dire si c’est volontaire, car je pense que l’œuvre nous dépasse toujours. En tout cas, je ne veux pas donner une définition unique. Je veux plutôt que chaque objet ou personnage du dessin ait une multitude de lectures. J’aime l’idée que l’on puisse en permanence sémantiser la signification du dessin et créer de nouveau les liens.

On a l’impression que tes scènes sont prises avec un objectif grand angle, ce qui renforce l’immersion. Comment réussis-tu à obtenir un tel effet en dessin ?

J’ai appliqué, pour la première fois, l’effet en 1996, en utilisant cette perspective avec deux points de fuite, ce qui donne un effet grand angle. C’est surtout sur les grands formats que le spectateur peut avoir l’impression que l’espace du dessin est propulsé vers lui. Jouer avec l’espace est une façon de décrire notre époque. Cet espace est la métaphore de notre condition actuelle où tout accélère et où la vision du monde nous échappe.

C’est particulièrement vrai avec l’œuvre qui a inspiré le jeu, où on a l’impression d’assister à un monde en perpétuel mouvement faits de micro-récits…

Oui. Il s’agit d’un seul dessin en mutation permanente. À chaque nouvelle variation, le sujet change… et il existe 262 144 possibilités.

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Dans Arrivée du Magicien, la présence du corps humain est prépondérante et souvent en position de soumission. Pourquoi ?

C’est l’idée que notre corps est devenu un simple outil, une matière vide d’essence spirituelle qui a besoin de plus en plus de stimulations pour ressentir quelque chose.

Au final, qui est le magicien ? Est-ce toi puisque tu apparais dans l’un des dessins qui composent l’ensemble ?

C’est une bonne question mais je ne peux pas y répondre précisément. On peut dire que le magicien est l’inconnu, c’est la superposition de tous les futurs possibles. C’est quelque chose qui arrive, que nous ne connaissons pas, qui nous excite et qui, en même temps, nous fait peur. C’est vrai, j’ai dessiné mon autoportrait, ainsi que les portraits de ma femme et de ma fille, mais c’est plus une façon d’introduire un moment familial drôle et tendre dans la composition.

Avant même de devenir artiste, j’ai lu que tu étais fan de bande dessinée, de Prince Vaillant de Hal Foster à Flash Gordon d’Alex Raymond, en passant par Richard Corben, Benito Jacovitti et Jean Giraud. Est-ce que c’est un univers qui t’inspire encore ?

La bande dessinée a été l’une de mes premières influences visuelles. Cela fait un moment que je ne suis plus de bandes dessinées, mais il est certain que ces auteurs ont laissé une grande empreinte et que cette expérience a trouvé un moyen de se manifester dans mon processus créatif.

Il y a quelques jours, tu as réalisé une performance en direct. Pourquoi avoir fait le choix d’inviter Miroslav Sekulić-Struja pour t’accompagner ?

Miroslav Sekulić-Struja est un ami et un artiste extraordinaire qui développe un monde fascinant d’une manière différente de la mienne. Je pense que la réunion de ces deux mondes autour d’un thème commun (le transhumanisme) était une rencontre très surprenante pour le public et le résultat est encore visible dans l’exposition.

L’exposition Arrivée du Magicien – Épilogue est visible du 8 avril au 27 mai dans le Village Graphique du Festival (8-10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence, Mardi au Samedi : 13h-18h). L’entrée est libre. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Le jeu en ville Arrivée du Magicien a lieu du 15 avril au 27 mai. Point de départ recommandé : Accueil de l’Office de Tourisme (300 av. Giuseppe Verdi, Aix-en-Provence). La participation est gratuite. Retrouvez toutes les infos en cliquant juste ici.