SWEET DREAMS, UNE EXPO DE COLLAGES PAR ITCHI

SWEET DREAMS, UNE EXPO DE COLLAGES PAR ITCHI

CINÉ, PAPIERS DÉCOUPÉS & COLLAGE

En guise de prologue au Festival International de Courts Métrages d’Aix-en-Provence qui se tient du 28 novembre au 2 décembre, BD AIX et le Festival Tous Courts s’associent et convient l’artiste Itchi à une exposition autour de ses collages de papiers découpés. Depuis deux ans, ce parisien passionné des années 50 et 60 réalise les affiches de l’événement aixois dédié aux courts métrages. Pour l’occasion, l’exposition Sweet Dreams s’accompagne d’une projection de films sélectionnés par l’Agence du Court Métrage.

INFOS PRATIQUES

SWEET DREAMS : EXPOSITION & PROJECTION
18 novembre – 2 décembre

📍 Galerie Lieu 9 – Office de Tourisme
300 av. Giuseppe Verdi, Aix-en-Provence
Lundi au samedi – 8h30-18h, fermé le dimanche
Gratuit

RENCONTRE APÉRO AVEC ITCHI : Vendredi 1 déc. 2023 – 18h30

VENI VIDI ITCHI

Itchi est un artiste qui collectionne, fouille et découpe livres et revues d’époque pour créer des images colorées, joyeusement décalées. Avec son travail, il redonne vie à des personnages, des visages, des objets habitants du passé dans des compositions originales qui nous invitent à jeter un œil dans le rétro, pour mieux observer, de l’autre, le monde actuel. Il présente, pour la première fois à Aix-en-Provence, ses créations. L’occasion de lui poser quelques questions…

Portrait de Itchi
Titre exposition Sweet Dreams

QUESTIONS-RÉPONSES

BD AIX : Le collage est généralement considéré comme une forme d’art moderne. Pourtant, il s’inscrit dans une longue tradition – du conteur Hans Christian Andersen à David Hockney, en passant par Lady Filmer, Kurt Schwitters, Marcel Duchamp, Max Ernst ou Pablo Picasso. D’où te vient cette pratique et est-ce que certains de ces artistes ont été des moteurs dans ta recherche graphique ?

ITCHI : C’est la combinaison du travail de recherche, de collection, d’accumulation et de création qui me passionne dans cette technique. Fouiller, chiner, sélectionner des images, des textures et des couleurs puis jouer avec, pour créer quelque chose de nouveau. Parmi mes influences, je peux citer les constructivistes russes, Matisse ou Kurt Schwitters mais je regarde aussi ce qui se fait dans la création contemporaine.

BD AIX : Techniquement comment procèdes-tu ?

ITCHI : À l’ancienne ! Ciseaux et tube de colle la plupart du temps. C’est aussi ce que j’aime dans cette technique, sa simplicité et son immédiateté.

BD AIX : Est-ce que ce sont les images découpées que tu collectes qui guident ta création ou à l’inverse tu as une vision en amont de ce que tu souhaites créer et tu fais tes recherches en conséquence ?

ITCHI : Ce sont souvent les images qui vont guider la création. L’élément principal est sélectionné avec minutie mais l’allure globale et la composition finale émergent après beaucoup d’essais et de combinaisons. D’une certaine manière ce sont les images qui décident avec qui elles vont cohabiter et l’effet qu’aura telle forme à côté de telle couleur est imprévisible. Je cherche et je joue jusqu’au moment où l’image surgit et s’impose à moi. Pour les commandes c’est différent, la recherche en amont est plus longue et le propos défini à l’avance.

Exposition Sweet Dreams - Atelier d'Itchi

BD AIX : Aujourd’hui, certains artistes du collage comme Michael Anderson, récupèrent leurs matières premières dans la rue et sur les panneaux d’affichage. D’autres, comme Daniel Gordon, crée leurs collages en 3D, puis les repasse en 2D en les photographiant. Est-ce que tu te fixes des règles ou contraintes dans ton mode opératoire ?

ITCHI : Je ne me fixe pas de règles, je suis simplement mes envies. La seule contrainte que je rencontre pour les collages traditionnels, est que j’aime travailler avec des images originales provenant directement de magazines ou de livres, pour leur grain et leur texture particulière. Les formats sont donc souvent modestes. Sinon je m’autorise à travailler sur tous les supports, papier, bois, vidéos…

BD AIX : Dans tes collages, as-tu parfois recours à l’ordinateur ou pas du tout ?

ITCHI : Oui, je scanne tous mes collages. Pour en garder une trace numérique et aussi pour y ajouter des éléments graphiques, géométriques qui, associés aux imperfections du fait-main offrent un rendu unique. Lorsque je travaille pour des clients, il m’arrive souvent de ne travailler que sur ordinateur, à partir d’éléments scannés ou de photos trouvées sur le net. Cela permet d’être beaucoup plus flexible pour effectuer des modifications.

Collage "Mire" par Itchi
Collage "Mire"

BD AIX : À l’instar de l’américaine Martha Rosler, qui utilise beaucoup d’images issues de Life, tu découpes des magazines des années 50-60 et des images publicitaires d’époque. Qu’est-ce qui te plaît tant dans cette période ? As-tu des magazines de référence ?

ITCHI : C’est une période qui me fascine depuis toujours, âge d’or du design, d’une certaine élégance et représentative d’une joie de vivre et d’optimisme envers l’avenir. Autant dire que le contraste avec l’époque actuelle est immense. C’est bien sûr une vision idéalisée d’un temps que je n’ai pas connu et qui avait ses défauts mais c’est une façon pour moi de m’évader. Je passe des heures à regarder les livres de photos de Saul Leiter, Vivian Maier, Fred Herzog, Cartier-Bresson, William Klein… En France, le magazine de référence est Paris Match et ses nombreux reportages photo, mais j’aime aussi chercher des revues plus spécialisées : Miroir du Cyclisme, Cinémonde

Collage "Sweet Dreams" par Itchi
Collage "Sweet Dreams"

BD AIX : Peux-tu nous raconter une anecdote concernant la création de tes collages ?

Certains des collages présentés dans l’expo ont été réalisés à partir de magazines de mode qui appartenaient à une couturière. Elle s’en servait pour recopier les modèles et en créer de nouveaux. À sa mort, sa petite fille a trouvé les magazines dans son atelier, n’a pu se résoudre à les jeter et m’a contacté pour me les donner. J’y trouve encore des marque-pages et des annotations.

BD AIX : Depuis deux ans, tu réalises les affiches du Festival Tous Courts, le Festival International de Courts Métrages d’Aix-en-Provence. Quel est ton lien au cinéma ? Est-ce que c’est un monde qui t’inspire ?

ITCHI : J’y suis très sensible. À la création actuelle et à ce qui a été fait avant. Dès que j’ai le temps je file dans les cinémas du quartier latin voir des classiques. Je suis un grand fan des frères Coen, Scorsese, Coppola, Truffaut ou Varda. Je suis aussi très friand des documentaires de Depardon ou de Frederick Wiseman.

Collages "Camera Girl" et "Cosmic Girl"

ITCHI

Itchi – de son vrai nom Sacha – est diplômé de LISAA à Paris. Il commence sa carrière en tant que graphiste avant de développer sa passion pour le collage. Depuis, cet as du scalpel multiplie les collaborations que ce soit avec la presse – de L’Express au New York Times – le monde de la culture, ou de grandes marques – de Prada à Tommy Hilfiger. L’artiste, qui sillonne les brocantes et les plateformes virtuelles pour collecter sa matière première, se définit lui-même comme un archiviste.

FESTIVAL TOUS COURTS

Depuis quatre décennies, le Festival Tous Courts, Festival International de Courts Métrages d’Aix-en-Provence met en lumière la créativité des formats cinématographiques courts. C’est l’un des plus anciens festivals hexagonaux dédiés aux courts métrages. Il permet, chaque année, la découverte d’un nombre impressionnant d’œuvres et de cinéastes venus de tous les continents. La 41e édition se tient du 28 novembre au 2 décembre 2023 et réunit 80 films en compétition.