UN POSTER À COLORIER OFFERT
Anne Simon, à qui l’on doit la saga des Contes du Marylène aux éditions Misma, dessine cette année le visuel des festivités de fin d’année à Aix. Comme une surprise n’arrive jamais seule, l’autrice en profite pour offrir aux enfants un grand poster sous la forme d’un plan dessinée de la ville à colorier. Un cadeau à mettre d’ici quelques semaines sous le sapin et une bonne occasion de demander à Anne, des nouvelles du pays d’Aglaé…
Le poster à colorier est offert, dès le 9 décembre (dans la limite des stocks disponibles), à l’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence (300 av. Giuseppe Verdi). Pour retrouver le programme des festivités de fin d’année à Aix-en-Provence, rendez-vous juste ici.
DES NOUVELLES DU MARYLÈNE : QUESTIONS-RÉPONSES
BD-AIX : Depuis 2006, tu développes, chez Misma, les Contes du Marylène, où chaque album permet de suivre, à travers l’ascension vers le pouvoir d’un personnage, les péripéties d’un pays imaginaire. D’où te vient cette idée et comment réussis-tu à construire les fils qui relient chaque album entre eux ?
ANNE SIMON : Au départ, certaines histoires courtes étaient improvisées et publiées dans la revue Dopututto aux éditions Misma. Certains personnages récurrents ont émergé et j’ai décidé de rassembler ces récits courts dans un recueil. C’est comme cela qu’est né le premier tome La Geste d’Aglaé. Je n’avais pas prévu de faire une série mais l’univers s’est étoffé petit à petit et j’ai décidé de faire un volet par personnage clef. C’est ensuite que j’ai remarqué que la quête du pouvoir était une question récurrente dans mes livres. C’est devenu une sorte de fil conducteur. Il y aura dix volumes dont j’ai déjà tous les titres, les grandes lignes d’une trame et la fin.
BD-AIX : Le ton de la série oscille entre le conte mythologique et la fable politique avec beaucoup de références et de clins d’œil. En tant que lecteur, on ne peut d’ailleurs s’empêcher de faire le lien avec notre époque. J’imagine que tout ça est voulu ?:)
AS : La fiction permet en effet d’avoir beaucoup de libertés et de garder un côté « universel ». Je peux ainsi parler des dangers de l’autoritarisme, par exemple, en y ajoutant des références complètement absurdes comme les frites Végétaline ou d’autres plus sérieuses comme le féminisme. Je ne fais pas de référence directe à l’actualité mais elle m’influence, bien entendu, tout comme certains faits historiques. Même si mes personnages sont pour la plupart anthropomorphes, c’est bien l’être humain (et sa bêtise) qui sont mes sources premières d’inspiration.
BD-AIX : Tu ne travailles qu’à la plume et tu alternes entre la sortie d’un album noir et blanc et la sortie d’un album couleur. Pourquoi ce choix ?
AS : Les albums noir et blanc se suivent chronologiquement (la couronne passe de main et à chaque fois, on suit le parcours d’un·e protagoniste qui prend le pouvoir, jusqu’à sa chute). Ceux en couleur sont des « spin-off ». Par exemple, le tome 2, Cixtite Impératrice, est un « chapitre » d’Aglaé.
BD-AIX : Le tome 6 des Contes du Marylène doit sortir fin 2024 (toujours aux éditions Misma). Il s’agit d’un recueil d’histoires courtes intitulé Henry, James et les autres, mais peux-tu nous en dire plus ?
AS : On y suivra la relation très forte entre Henry the Horse et James Kite (inspirés de la chanson des Beatles, Being for the Benefit fo Mister Kite !). Le livre est une longue conversation entre eux deux. Au fil de leurs souvenirs, on en apprendra un peu plus sur certains événements évoqués rapidement dans d’autres tomes de la saga.
BD-AIX : Dans L’institut des benjamines, le dernier album paru à ce jour (et sans doute le plus sombre), on suit la trajectoire de Simone qui, face au régime de l’enfant patate Boris, se met en tête de former des jeunes filles pour un jour renverser le tyran. Et puis, comme à chaque fois, la machine s’emballe et déraille. Sais-tu déjà à quoi on doit s’attendre dans le tome 7 ou c’est encore en gestation ?
AS : Le tome 7 s’intitulera Au pays des Douk-Douk (toujours aux éditions Misma). Je ne souhaite pas encore révéler le nom du personnage qui se retrouvera à la tête du Marylène, mais je peux déjà annoncer que les Benjamines n’ont pas dit leur dernier mot. L’île des Douk-Douk est fortement inspirée par Lampedusa. Je souhaite évoquer le destin tragique des personnes migrantes, et l’accueil déplorable qui leur est réservé.
BD-AIX : Il y a quelques mois, tu as réalisé pour la revue La Déferlante un court récit consacré aux béguines, des femmes qui, dès le XIIe siècle, réussissent à s’affranchir de la tutelle masculine. Comment as-tu entendu parler de ce sujet plutôt méconnu ?
AS : Au départ, quand La Déferlante m’a donné carte blanche pour cette histoire courte en bande dessinée, j’avais pensé réaliser une fiction sur des bonnes sœurs. Ce sujet rassemblait beaucoup de thèmes intéressants à creuser : la sororité, la non-mixité, la foi, le fantasme masculin… Lucie Geffroy (cofondatrice de la revue) m’a alors parlé des Béguines. Je me suis renseignée sur le sujet et c’était passionnant ! Les Béguines étaient des femmes libres qui ont décidé de ne pas se plier aux deux seuls choix que l’on donnait aux femmes à l’époque : le mariage ou le couvent.
BD-AIX : En janvier 2023, tu as aussi sorti, chez Milan, ta première bande dessinée jeunesse avec une très jolie adaptation des Histoires Pressées de Bernard Friot. Peux-tu nous raconter la genèse du projet ?
AS : C’est une idée d’Élisa Renouil, éditrice chez Milan. Je fais peu de BD jeunesse et je n’étais pas sûre d’accepter le projet. Quand j’ai lu les textes de Bernard Friot, j’ai immédiatement changé d’avis ! Les images me sont venues très naturellement en tête, c’était un plaisir à dessiner.
BD-AIX : Pour conclure, peux-tu nous conseiller un livre, un film, un plat et un son ?:)
AS : Gros-Câlin d’Émile Ajar – Wanda de Barbara Loden – La fondue savoyarde – Absolument toute la discographie des Beatles.
ANNE SIMON
Anne Simon est diplômée de l’École Supérieure de l’Image d’Angoulême et des Arts Décoratifs de Paris. En 2004, elle reçoit le prix Jeune Talent au Festival International de la Bande Dessinée. Sa série les Contes du Marylène (Misma) est traduite en anglais, espagnol et allemand. En parallèle, elle signe chez Dargaud, les biographies dessinées de Freud, Marx et Einstein en collaboration avec Corinne Maier et L’homme à la fourrure avec Catherine Sauvat. Elle est également illustratrice pour la presse.
