KARINA TUNGARI INTERVIEW

KARINA TUNGARI INTERVIEW

UNE AUTEURE EN RÉSIDENCE

Installée à Hambourg, la jeune illustratrice indonésienne, Karina Tungari entre en résidence de création à Marseille dans le cadre d’un nouveau programme d’échanges internationaux, auquel participe les Rencontres du 9e Art. Elle répond, pour l’occasion, à nos questions et propose, Die Residenz, une publication inédite disponible gratuitement en version papier ou en téléchargement, sur le Kiosque BD-Aix.

DASEIN & DIE RESIDENZ

Durant sa résidence, Karina Tungari s’attelle à la réalisation d’un essai dessiné. Intitulé Dasein, celui-ci questionne l’homme en tant qu’animal social. En parallèle de ce projet au long cours, l’auteure propose un journal de bord illustré de sa résidence de création. Dans Die Residenz, Karina Tungari livre ses pistes de réflexion pour Dasein mais aussi ses premières impressions sur la cité phocéenne et ses clichés.

Karina Tungari - extrait "die Residenz"

Quand as-tu commencé à dessiner ?

Je ne sais pas vraiment. Ça a commencé comme ça, lorsque j’étais enfant.

Comment décrirais-tu ton style ?

(souvent) tout en couleur, joyeux, naïf, parfois drôle, parfois graphique. J’aime surtout le défi de raconter toute une histoire en une seule image.

Quelle a été ta première impression en arrivant à Marseille ?

Un énorme melting-pot méditerranéen.

Qu’est-ce qui t’as le plus séduit ?

Le climat, la mer turquoise et les falaises de calcaire.

Est-ce que tu as envie de faire passer un message avec ton journal de bord ?

Le titre [Die Residenz] a un sens et une définition volontairement large. Je le laisse s’ouvrir à l’interprétation, pour que chacun le perçoive différemment en raison de ses origines, de son état d’esprit ou de ses expériences.

Y a-t-il, dans ton traitement, une influence personnelle liée à tes origines ?

Oui bien sûr. Surtout dans le traitement de la mer et de son exploitation. Marseille et Hambourg sont des villes portuaires. Quant à l’Indonésie, c’est le plus grand archipel du monde et il regorge de ressources naturelles. Au 16e siècle, les Néerlandais y sont arrivés pour cette raison. Batavia [aujourd’hui Jakarta] était d’ailleurs le centre de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. 

Karina Tungari - extrait de "Dasein"
« Construire un mur de Jéricho pour se protéger de la douleur ? Cela ne me semble pas être une bonne idée, à moins d’étouffer sa propre croissance. Tu limites ainsi ta possibilité de grandir et d'être heureux, au-delà de ce que tu imagines. » (extrait de Dasein)

Dans Dasein, tu t’intéresses aussi à la complexité de la condition humaine. C’est un sujet qui te tient à cœur ? 

Oui, car que je suis moi-même un être humain et comme tout le monde, je m’occupe intensément de moi-même. L’homme et sa complexité en tant qu’animal social, mais aussi l’autoréflexion qui en découle, ce sont des thèmes qui m’inspirent beaucoup.

Techniquement, quels sont tes usages ?

Pour les projets de livres d’images, j’utilise souvent la peinture, car j’aime les textures et les couleurs produites par le pinceau sur le support. Pour le design éditorial, en revanche, je travaille beaucoup en numérique, car le style est plus frappant et doit agir plus rapidement. Die Residenz est un mix des deux.

Au quotidien, comment organises-tu ton travail ?

Je me fixe toujours une date butoir ou je demande à quelqu’un d’en fixer une pour moi. Je dois aussi d’être très au clair vis à vis du format sur lequel je souhaite travailler.

Quelles sont tes étapes pour créer une illustration ? 

1. Comprendre le briefing, ou clarifier (presque) ce que je veux dire.

2. Beaucoup de réflexions, de rêves et de recherches synthétisés sous forme de note ou de carte mentale.

3. Faire un croquis approximatif

4. Faire un croquis final

5. Mettre en couleur

Encadrée par La Marelle et le Goethe-Institut Marseille, la résidence de Karina Tungari a lieu dans le cadre du programme d’échanges Bulles Connection [byl kəˈnɛkʃən] avec le soutien du Behörde für Kultur und Medien Hamburg, du Comicfestival Hamburg et des Rencontres du 9e Art.