Les explorations de Thisou Dartois l’ont conduite de Strasbourg à Tanger, où elle a appris le travail du fil et du motif. Notre Père aux éditions Fremok est d’ailleurs empreint de l’art de la broderie. Auteur jeunesse, elle a plusieurs albums à son actif aux éditions du Rouergue, et designer textile, elle enseigne aujourd’hui l’illustration à St Luc à Bruxelles.
Dès l’enfance, Thisou s’est intéressée à l’étoffe des choses, à ce qui les tisse, à ce qui les brode. Plus ou moins, consciemment, elle en a fait un regard, peut-être un système, qui deviendra un métier, mais aussi un moyen d’expression.
En 2021, elle participe au journal Planete 2 édité par les Rencontres du 9e Art.

Pour aller plus loin : FremokÉditions du Rouerguedu9

SPEED-DATING-AUTEURS A LA MAISON BDAIX

Pourquoi avoir choisi de travailler à la maison ?
J’ai une vie de famille recomposée avec 4 enfants, un plein temps dans l’enseignement, et donc très peu de temps pour moi. J’ai un besoin vital de m’isoler pour rêver et produire de petites choses. Aujourd’hui, les enfants grandissent et je retrouve plus de temps dans mon atelier de 8 m2, avec des fils et des pelotes qui s’accumulent. Travailler à la maison me permet de respirer la maison vide en journée.
J’ai vécu 2 ans au Maroc où j’ai appris la broderie, le tissage au point noué, le crochet. Nous y retournons plusieurs fois par an. Ces voyages me permettent de maintenir le fil, de garder une excitation de couleurs, de matières et de techniques. Là-bas, j’ai toujours un crochet et trois pelotes avec moi pour créer en nomade avec trois fois rien sur moi, tout en m’imprégnant de l’artisanat et des modes de vie. 

Fais-tu beaucoup d’ébauches ou travailles-tu sans filet ?
Dans un premier temps, je travaille sans filet, de manière instinctive. Travailler sur un long chemin de fer avant de me mettre à la réalisation des images me décourage énormément. Je préfère produire du palpable et du concret et me dire qu’à la fin de la journée, j’aurai cette petite chose en main. J’accepte alors de recommencer plusieurs fois avant d’arriver à ce que je veux ! Je me laisse d’abord porter par des envies plastiques et techniques liées au textile.
Ensuite, je tente de lier ces expérimentations avec les problématiques qui m’entourent et qui me préoccupent. Puis je me penche sur les textes. 

Qu’est-ce qui t’inspire ?
La rencontre d’autres cultures dans le respect, les arts populaires et l’artisanat.
J’aime explorer de nouveaux médiums en dialoguant avec des disciplines anciennes et populaires, des traditions qui reviennent en force dans un monde qui se questionne sur la résilience. 
Apprendre une nouvelle technique avec humilité, savourer cette transmission et parvenir au bon geste avec lenteur. Une fois cette technique maîtrisée, j’essaie de la détourner.
L’art brut et « cette nécessité de répéter et de faire jusqu’au bout ».
Certaines réflexions d’artistes. Je garde toujours avec moi cette réflexion de Mathilde Monnier lors d’une interview : « créer, c’est parfois arriver à saisir une idée, qui d’un coup correspond à une nécessité intérieure. Il faut avoir cette sincérité avec soi-même pour arriver à déceler cette nécessité intérieure et se dire que cette idée, ce projet, ce point de départ, c’est exactement cette chose que je dois résoudre aujourd’hui. »
Mes élèves : comment ils arrivent à produire, à se questionner, à surmonter leurs doutes. Le beau chemin qu’ils entament vers la création, ils m’apprennent énormément. 

Thisou1--Auteurs-a-la-maison---BDAIX
Thisou-2-Auteurs-a-la-maison---BDAIX
Thisou-3-Auteurs-a-la-maison---BDAIX