Né en France en 1997, Evan Gotmann vit à Bruxelles où il passe son Master en bande-dessinée. Il aime explorer, expérimenter, découvrir. Il aime le plaisir du bricolage et pouvoir s’autoriser à toucher à tout sans rien maîtriser. Pouvoir bidouiller avec de nouveaux outils et de nouvelles pratiques, dont surgissent parfois des histoires.
Depuis quelques années, il développe un projet protéiforme, construit autour de l’univers mental de son avatar, BB Ouin-Ouin, à travers la peinture numérique sur MS Paint (sa technique de prédilection), la vidéo, le son, la performance et la poésie.
Également curieux et ouvert aux autres rencontres artistiques, il a commencé, en parallèle de cette occupation, solitaire et très intime, une collaboration avec l’autrice et plasticienne Sarah Albert, à la « S » Grand Atelier, un de ses endroits préférés sur la Terre. Des premières images de ces planches réalisées à quatre mains sont visibles sur le Knock Outsider Magazine.
En 2021, il participe au journal Planete 2 édité par les Rencontres du 9e Art.
Pour aller plus loin : Instagram – Knock Outsider Magazine
Qu’est-ce qui t’a amené au dessin ?
Au tout départ, il y avait le plaisir de dessiner en lui-même. D’un point de vue sensoriel, déjà : le bruit de la pointe d’un bic, d’un crayon ou d’un feutre sur le papier, et la texture qu’ils y laissent… Puis représentatif : miniaturiser des choses que j’aimais bien et en rapport avec mes intérêts, et l’aspect accumulatif, répétitif de la collection. Enfin, c’était une activité qui me plaisait bien quoi ! Un truc que je pouvais faire en solo, en me sentant plus libre et plus en sécurité que dans les autres. Mais sur ce point, ça a un peu loupé, ou plutôt, on ne m’a pas loupé. En maternelle, ma maîtresse de l’époque a contacté mes parents à cause de mes dessins jugés apparemment peu convenables, je ne sais plus vraiment ses mots, mais résultat, j’ai dû aller voir un psy, à sa demande, qui m’a demandé de faire un dessin, et Il est sorti du cabinet pour aller chercher mon père, en mode « Oh la la, ça ne va du tout » Je n’ai pas compris. Mais c’est devenu quelque chose d’un peu secret et honteux où j’ai fini par me censurer et que je me suis interdit longtemps. Ensuite quand je devais dessiner, je faisais toujours les mêmes choses. Pendant deux ou trois ans, j’ai toujours fait le même dessin, à quelques variations près. C’était une île déserte.
Et ensuite, quels ont été tes premiers dessins ?
Des drapeaux, puis des bonshommes sexy en slip de bain.
Qu’est-ce qui t’inspire ?
David lynch et Shrek 2. Parfois mes rêves les plus magiques les font même se rencontrer.
Quelle musique écoutes-tu en travaillant ?
Plein de choses… Il y a tout le temps de la musique chez moi, et donc où je travaille, je m’arrange pour qu’il y en ait en permanence dans mes oreilles. La musique fait partie de mon processus créatif, elle l’influence et m’inspire. Du coup ce que j’écoute dépend du projet et de son univers, de son atmosphère.
Lorsque je travaillais sur mon tout dernier projet de BD, qui était plutôt sombre, j’écoutais la blinde Arvo Pärt, Ben Frost, Sunn o))), Bohren & der Club of Gore, Nurse With Wound… Enfin des ambiances musicales bien lourdes, bien graves et parfois grasses. Mais quand je dessine pour l’univers de BB Ouin-Ouin (qui est à 10000 lieues de ça), c’est un autre délire, du genre zozo. C’est le zoo. Je trippe à fond sur les chansons et comptines sur les animaux ou sur des musiques de lover-looser, considérées à tort de très mauvais goût… Pour travailler, avec Anne Laplantine (en solo ou avec ses ami.e.s) on écoute Bastien.mp4, Franck Alain, Christiana Chappet… Bref plein de choses !
Qu’est-ce que tu détestes dessiner ?
J’avoue être plus inspiré par la question inverse. Ces derniers temps, j’aime bien dessiner des flingues, du feu avec des grosses fumées vénères, des autoroutes vides… et puis les trucs assez habituels aussi, des corps nus, des images pornographiques…
Sinon il y a quelques temps, j’ai eu un délire de dessins épiques avec des furies, mais à ma sauce, et c’est encore dans un petit coin de ma tête…
As-tu un objet fétiche ?
Ouais… Chez moi, il y a une sorte de poupon customisé de l’extrême, style bébé sauvage, qui porte un blase stylé. C’est Le Sage. Il est très sympa, mais aussi très mystérieux, donc vous ne le verrez pas sur les photos.
