Pour ne rien faire comme son père auteur illustrateur, et son grand-père peintre, Pierre Place se lance dans la bande dessinée après des études de philosophie et un passage rapide par les Arts décoratifs de Strasbourg. Il commence par de petites collaborations dans des fanzines ou des collectifs, avant de publier son premier livre en 2009 Au rallye / Au Zinc aux éditions Warum. Depuis, il alterne travaux dans la presse et l’édition, et ateliers de bande dessinée, principalement en prison. En 2013, il rencontre Pierrick Starsky, co-fondateur de la revue AAARG ! qui lui propose de participer à l’aventure qu’il est en train de lancer. C’est dans les pages de cette revue que naîtront les premiers chapitres de son livre, Muertos publié chez Glénat en 2020.
En 2021, Pierre Place participe à l’édition du journal Post-it pour les Rencontres du 9e art.
Pour aller plus loin : Fluide Glacial – Glénat – Le Labo du 9
Ou travailles-tu et comment s’organise cet espace de travail ?
J’ai choisi de pouvoir travailler à la maison, je me suis fabriqué un super bureau dans mon salon, avec des rangements hyper adaptés, plein de petits casiers pour ranger le matériel, un placard profond dans lequel je peux stocker des centaines d’originaux de grande taille à plat, une bonne lumière, bref, l’atelier idéal du dessinateur. Je ne travaille JAMAIS chez moi, à l’exception des idées de scénarios que je peaufine quand je suis sous la douche. Ce superbe bureau (voir figure 1) ne me sert qu’à stocker le courrier en retard, les outils quand je bricole, la vaisselle que j’ai la flemme d’amener jusqu’à la cuisine… D’habitude, il croule sous des montagnes de bordel, mais là, il est très bien rangé parce que je vends mon appartement et qu’on m’a dit que pour le vendre plus cher, il fallait qu’il ressemble à un appartement Airbnb. Si quelqu’un.e est intéressé.e par un trois pièces avec bureau très bien rangé dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, qu’il ou elle contacte le festival BD-AIX en mentionnant le code : #pierreplacevendsonappart et je lui ferai une remise.
Du coup, je travaille dans un atelier collectif du côté de la Place des Fêtes, à 30 minutes à pied de chez moi, où j’y ai un bureau qui me ressemble plus (voir figures 2 et 3). Il y fait sombre et humide, je n’ai pas de rangements ou d’espace de stockage adapté, je perds tout le temps ma gomme sous les montagnes de papiers, paquets de tabac et emballages divers, mais j’y suis très bien.
Je le partage avec huit ami.e.s, dessinatrices et dessinateurs, et pour rien au monde je ne le quitterais pour travailler à domicile. (Voir figure 4)
À quoi pourrais-tu comparer ton atelier ?
À un frigo. Les murs sont en béton nu et donnent tous sur l’extérieur, l’endroit n’est absolument pas isolé. On ne peut pas le chauffer à l’électrique parce que la condensation le transforme immédiatement en étang, donc on se débrouille avec un poêle à essence, essence que l’on stocke par mesure de sécurité près de la bibliothèque (voir figure 5) et lorsque la température extérieure descend en dessous de 5 degrés, on ne parvient pas à maintenir la température intérieure au-dessus de 15 …
Le grand avantage de cette situation est que les bières sont toujours fraîches, et que le choc thermique est grandement atténué lorsque l’on sort profiter de l’espace fumeur (voir figure 6).
À quoi ressemblent tes journées ?
Je dépose ma fille à 10h à la crèche, je suis à l’atelier 25 minutes plus tard, je bois 17 cafés avec les copines et copains sur place avant de me rendre compte que, merde, il ne me reste que deux heures pour bosser avant que ne tombe le couvre-feu, je dessine trop vite pendant ces deux heures pour pouvoir être content de moi, mais le lendemain, en revoyant le boulot, je me dis que finalement, c’était pas si mal pour des dessins faits en si peu de temps, je ne vais quand même pas les refaire, d’autant que le couvre-feu est dans une heure, plutôt que de perdre cette heure à bosser, je vais dessiner un post-it.